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La foule des grands soirs, venue de Lille et la métropole, de Tournai, Courtrai et sans doute de plus loin encore : le festival Next s’est ouvert vendredi à la Rose des Vents de Villeneuve-d’Ascq avec la première des deux représentations de « Miss Julie », par le Théâtre des Nations de Moscou, mise en scène de Thomas Ostermeier.
Les trois solides comédiens russes donnent une belle force à cette adaptation.

Rendez-vous alléchant c’est le moins qu’on puisse dire : depuis un quart de siècle, le Théâtre des Nations programme l’excellence de la production russe. Quant à Thomas Ostermeier, l’un des patrons de la très prestigieuse Schaubühne de Berlin, il est un artiste parmi les plus en vue de la scène internationale. C’est dire que Next place haut la barre, pour notre plus grand plaisir.
Sur un plateau converti en cuisine dernier cri, une jeune femme prépare un poulet (plan vidéo pris de haut), gestes du quotidien de la cuisinière à peine troublés par le chauffeur – son fiancé –, jusqu’à l’entrée de Mademoiselle Julie, superbe et éclatante. On est au soir du réveillon de la nouvelle année, les échos de la fête parviennent jusqu’à l’office où va se dérouler ce huis clos à trois.
Thomas Ostermeier se saisit de la pièce d’August Strindberg (écrite en 1888) pour la transposer dans une Russie contemporaine qui n’en a pas terminé avec les hiérarchies sociales et la cascade des mépris (comme disent les historiens pour qualifier parfois la société de l’Ancien Régime français). Miss Julie, fille de général, entreprend de séduire le chauffeur – rapprochements frôlés, regards en échappatoires, mains qui se cherchent – sous l’œil inquiet de Kristin la cuisinière qui pressent la catastrophe. Du regard « naturaliste » du dramaturge suédois, qui dissèque à froid la société bourgeoise du XIXe s. enfermée dans ses carcans, le metteur en scène fait une lecture contemporaine et fiévreuse : le monde des oligarques d’aujourd’hui – russes ici, mais ils pourraient être européens ou américains – a entériné de nouvelles échelles de valeurs donc de mépris et d’entre-soi qui ne peuvent supporter aucune dérogation.
Où le trouble de Miss Julie, qui relève de sa sexualité naissante et ravageuse, heurte frontalement les interdits de sa caste. Dans la Russie postcommuniste les rapports de classes reprennent le dessus. Salut bas aux trois solides comédiens russes qui donnent une belle force à cette adaptation en nous renvoyant à la modernité du théâtre de Strinberg.